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LES ANDROGYNES

tion, prêt aussi à corriger selon le sentiment de sa maîtresse :

…Et, dans ce ciel obscur où je ne voyais rien,
Je découvre, éperdu, le nid aérien
Des baisers confondus, des baisers fous, avides,

Que couve l’aile d’or de mon amour vainqueur !
Qu’importe le réveil sous les brumes livides :
J’ai caché le soleil tout entier dans mon cœur !

Le temps passait comme l’eau passe entre les doigts, ne laissant qu’une impression de douceur fluide. Le rêve poussait le rêve dans une griserie toujours renaissante, et le souvenir du bonheur succédait à l’espoir du plaisir. Nulle amertume, nulle crainte, nul souci, nul doute, nulle menace. Il suffisait donc pour être heureux de se laisser vivre en se laissant aimer ?… Comme c’était simple !

André, par le contraste de ce qu’il avait vu et deviné dans une société indigne, trouvait du charme aux moindres détails de son existence paisible.

— Vois-tu, disait-il à Fiamette, je sortirai indemne de toutes les épreuves, car je n’ai pas cessé de te chérir, et rien en moi ni