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LES ANDROGYNES

de mérite qui travaillent pour les autres, parce que, dans les bons journaux, on refuse systématiquement leurs œuvres. Ils n’ont pas eu de chance, n’ont pas su se faufiler dans les rédactions, sont trop indépendants pour faire partie d’une coterie, trop fiers pour se grouper autour d’une personnalité excentrique. Mais, comme il faut vivre, il leur reste la ressource, après avoir échoué partout, de vendre leur travail à un romancier connu, qui le signera, et fera payer très cher cette même prose que l’on repoussa dédaigneusement.

— Et ces écrivains en vogue acceptent de signer le travail des autres ?

— Cela se fait couramment…

— Dans le grand commerce, si nous sommes moins glorieux, nous sommes plus honnêtes.

— Vous êtes peut-être plus défendus…

— Alors, votre amant ?

— Que voulez-vous, il a pris ce qui s’offrait : une place de secrétaire.

— Et vous assistez à l’enfantement de ces œuvres de haut goût !… Comme cela doit être ennuyeux, ma pauvre Fiamette ?