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LES ANDROGYNES

pour un assez joli garçon ; la femme, grande aussi, osseuse, verdâtre et les traits tirés, avait des yeux trop brillants, un air de fièvre et une grande bouche tirée par des tics nerveux. Ses cheveux, très abondants, étaient arrangés avec art. Sa taille mince donnait à son buste plat aux larges épaules une certaine élégance androgyne. Sa toilette blanche, voilée de guipures, était d’un goût parfait. André s’étonna de l’entendre parler d’une voix rauque, comme déchirée, par moments, de notes plus aiguës.

L’orchestre faisant rage pour le pas des lamies et des empuses, Jacques se pencha à l’oreille d’André et lui glissa :

— Ce sont deux hommes !

— Pas possible !

— On ne le dirait jamais, n’est-ce pas ?… Depuis trois ans, ils ne se quittent pas, et la police ferme les yeux. D’ailleurs, le secret est bien gardé.

André écœuré avait envie de fuir, mais il sut vaincre sa répugnance, étudia le couple qui s’offrait si ingénument à son observation.

Après le premier tableau, un inci-