Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
LES ANDROGYNES

pareils qui leur occasionnaient une petite douleur au creux de l’estomac. « Le corset et l’amour ! Ah ! ma chère ! » Deux corvées dont elles se seraient bien dispensées !… Mais il faut vivre, n’est-ce pas ?…

Aux courses, aux premières des théâtres à femmes, à Trouville, à Dieppe, aux tables de baccara et de roulette, se pressent les poupées fragiles, tintinnabulantes et creuses, avec un louis sonnant la chamade sous l’armature du corsage.

L’homme exhibe sa maîtresse, comme il exhibe ses attelages et ses chevaux de course ; il n’est point jaloux, et, parfois même, se dispense d’un hommage plus direct. Pour ce soin, il y a le premier cocher, s’il est joli garçon, le maître d’hôtel, les artistes de passage, le lutteur ou le second ténor. Il est convenu que l’amant qui paie n’est jamais aimé ; mais, le plus souvent, il n’y tient pas.

Derrière les loges tristement bruyantes des soupeuses en renom, passaient les filles plus humbles, en quête d’une étreinte rapide, d’une fantaisie fatigante, mais sans lendemain. Celles-ci, les joues plissées, exsangues