Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
LE RÊVE DE MYSÈS

cons d’améthystes, des miroirs d’argent, des poupées d’ivoire et de jade, des fleurs de perséa, des bracelets, des diadèmes et des étoffes soyeuses. Il voulait que la retraite ignorée de son amie fût aussi gaie, aussi remplie d’ornements futiles et familiers, que la chambre de son ancien palais.

Dans les flacons, dans les coffrets, parmi les parfums et les baumes, devait habiter le « double » de la morte voluptueuse, sa forme astrale, douce, légère, vibrante et passionnée.

Mysès, hâtivement, poussa la porte de son jardin, satisfait de se retrouver seul dans sa chère retraite.

Mais une forme gracieuse jaillit des touffes de mimosas et de tamaris, se dressa devant le prêtre, surpris.

— Mahdoura ! fit-il, avec colère.

— Oui, j’ai passé la nuit devant ta porte. Tu n’auras pas le courage de me chasser ?… murmura la jeune fille d’un air suppliant.

— Je t’ai dit que toute intimité était impossible entre nous. Éloigne-toi, ta présence m’est pénible !…

— Oh ! Mysès !… Je t’aime à en mourir !… J’ai bien essayé de t’oublier, mais je ne peux pas. Ne me demande pas un sacrifice au-dessus de mes forces.