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LE RÊVE DE MYSÈS

l’épouse défunte. Comprends-tu mon désir ?…

— Pas très bien, fit le marchand. Tous les présents sont agréables aux morts et tous les attachent pareillement.

— Non, non, le cadeau d’un cœur embrasé d’amour ne saurait être semblable à celui d’un souvenir vulgaire.

— Prends cette agrafe d’aigue-marine. C’est la pierre des amants, celle qui assure une constance éternelle.

— Non, toutes les mortes en ont de semblables.

— Alors, choisis cette barque d’or, enrichie d’olivines et de péridôts, c’est l’emblème de la résurrection ?…

— Non, fit-il, encore ; donne-moi ce serpent de malachite ; il reposera sur le front de la bien-aimée et la gardera contre toutes les attaques jalouses.

Mysès paya le joyau et reprit le chemin de sa demeure.

Il avait presque oublié les menaces du grand-prêtre, et se sentait joyeux.

Autant que ses modestes ressources le lui permettaient, il faisait ainsi des cadeaux à la morte, s’imaginant qu’elle tressaillait d’aise dans sa boîte dorée, à chaque trouvaille ingénieuse.

Elle avait déjà, auprès d’elle, de délicats fla-