CHAPITRE IV
Le prêtre pensif regardait, sans les voir, les monuments qui s’illuminaient sur les larges quais de briques de Thèbes. Le palais de Rhamsès, l’époux d’Ahmosis, se profilait sur le ciel d’outremer, avec ses gigantesques pylônes, ses dômes dorés, ses murs formidables, ses obélisques aux blancs pyramidons.
Il n’y avait, d’ailleurs, que le fleuve à traverser pour atteindre le quartier des Memnonia où se dressait le temple d’Osiris. C’était le domaine des prêtres embaumeurs : colchytes, paraschytes et taricheutes. Jour et nuit les épaisses fumées des chaudières de natron obscurcissaient l’air : l’on respirait des odeurs de baumes et de corruptions aux alentours de ces funèbres usines de la mort.
Dans les caveaux mystérieux, les serviteurs du dieu de sagesse préparaient les masques de bois et d’ivoire, les bandelettes de toile fine, les longues boîtes, couvertes d’hiéroglyphes, destinés aux cadavres étendus sur les dalles de granit.