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LE RÊVE DE MYSÈS

feuillages grêles qui se tordent comme des nœuds de serpents…

— C’est grâce à ces fleurs, à ces herbes que j’embaume prestigieusement les défunts. Car j’ai découvert un procédé merveilleux qui conserve aux morts l’apparence de la vie, supprime toute l’affreuse cuisine des préparations ordinaires, ne nécessite point de masque ni de bandelettes.

— Mais, dit-elle, il faut toujours extraire les viscères et les intestins, en fendant le ventre avec une pierre d’Éthiopie ? Il est nécessaire de retirer la cervelle par les narines au moyen de pinces recourbées ?…

Mysès sourit avec dédain.

— J’ai supprimé tout cela.

— Quoi ! plus d’incision par la pierre obsidienne pour retirer le cœur, les poumons, le foie ?… Plus de macérations dans la myrrhe et la cannelle ? Plus de bitume liquide pour durcir les chairs ?… Plus de bain de natron dans les salles d’immersion et de dessiccation ?…

— Grâce à mon secret, il n’est point nécessaire de procéder à ces opérations barbares.

— Quel est donc ton secret ?…

— Je le garde pour moi seul, fit Mysès jalousement.

Mahdoura fit un geste d’insouciance.