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LE RÊVE DE MYSÈS

chimères et que tu cherches plus haut que la satisfaction de ton désir. Lorsque tu cueilles des corolles d’élection, tu ne songes pas qu’elles seront flétries demain ?… Tu les respires dans tout l’éclat de leur terrestre floraison ?… Il faut ainsi respirer l’haleine du sourire, sans songer aux larmes qui suivront. Prends ma bouche sous la tienne, et tu auras toujours le souvenir d’une minute de joie !…

Mysès, avec ennui, se détourna de la jolie fille qui lui offrait ses lèvres.

— Non, dit-il, tu me tromperais, car tu es perfide comme toutes les femmes !

Elle ramassa ses plantes, les prit, une à une, pour les faire admirer.

— Regarde comme je les ai bien choisies ?… Pour les cueillir, je me suis avancée dans les roseaux géants aux dangereux enlacements. La chaleur était étouffante, l’atmosphère se chargeait de parfums lourds, mêlés de corruption ; mais, pour te chercher ces herbes vénéneuses, je n’aurais reculé devant aucun péril.

— Je te remercie, Mahdoura.

— L’Astre Roi trempait ses cheveux de rayons dans les flots qu’il caressait ardemment. Et j’allais, toujours plus loin, pour te trouver ces calices étoilés, aux senteurs délicates, ces