Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
LE RÊVE DE MYSÈS

Mysès ne la voyait que de dos, et, dans la disposition d’esprit où il se trouvait, il ne se souciait guère d’entrer en conversation. Aussi, referma-t-il brusquement la porte de son logis, espérant que la visiteuse s’en retournerait, après avoir pris quelques moments de repos.

Mais, il l’entendit fredonner doucement, et il reconnut la chanson des filles errantes de la nuit ; de celles qui cueillent les herbes et les plantes dont se servent les taricheutes pour conserver les corps.

« C’est Mahdoura, se dit le jeune homme, Mahdoura qui vient encore m’offrir sa tendresse… Je pourrais l’aimer, sans doute, si mon cœur était libre !… Bien souvent, j’ai vu la lumière humide de ses grands yeux qui semblaient m’implorer, tandis que les battements tumultueux de sa poitrine faisaient trembler son sein virginal !… Ah ! pourquoi ne suis-je point pareil aux autres hommes qui se contentent des joies de la terre ?…

Mahdoura s’était plongée dans une vasque de granit, où s’épanchait une onde cristalline. Elle enlevait les gouttelettes de sang qui tachaient ses chevilles, faisait ruisseler l’eau sur son corps ambré, piquait des grappes de mimosas dans ses cheveux.

Mysès, en l’attendant, s’était de nouveau pros-