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LE RÊVE DE MYSÈS

lisques, le sommet des pylônes et des palais immenses sous le vol tournoyant des gypaètes.

Des bouffées d’harmonie venaient des temples voisins où les prêtres célébraient la cérémonie du soir. Cette musique avait un charme étrange et mystérieux ; elle semblait flotter sur le jardin de Mysès avec l’âme embaumée des fleurs. Parfois, une note plus lente résonnait comme un appel de cloches ; puis, une voix grave psalmodiait un chant sacré que soutenaient les harpes à neuf cordes et les tympanons.

Le prêtre embaumeur se rappela soudain qu’il devait veiller dans le temple et réciter les versets du Livre des Morts, comme il le faisait chaque fois que le Pharaon avait visité l’hypogée royal.

Il jeta sur son épaule une peau de panthère dont le mufle retombait sur sa poitrine ; il prit un bâton de bois d’acacia, gravé de caractères hiéroglyphiques, et s’apprêta à remplir sa mission.

Dans le jardin une femme était assise, enlevant une épine de son pied meurtri. Sans doute avait-elle marché longtemps, dans les pierres et les ronces, car elle était couverte de poussière et ses cheveux emmêlés retombaient sur ses épaules.