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CHAPITRE III

Le prêtre embaumeur, pendant des jours, vécut ainsi son rêve extasié, puis, la paix se fit en son âme, et il reprit ses occupations habituelles.

L’amie défunte ne le quittait pas, présidait, du fond de sa boîte d’or, à ses travaux, à ses expériences, à ses invocations aux dieux de bonté et de pardon. Cela seul assurait, à présent, la quiétude de son être.

Parfois, il soulevait le dessus du sarcophage, contemplait la momie royale, étincelante dans sa robe fleuragée de lis, constellée de pierreries. Le visage souriait, immuablement serein, les yeux filtraient des regards d’amour entre leurs paupières mi-closes, et Mysès se prosternait avec ravissement.

« Ô douce fiction ! soupirait-il, songe ineffable, ardent et pur !… Quel trouble singulier emplit mon cœur ? Quelle étrange ivresse augmente ma mélancolie ?… Jamais je n’ai connu un émoi aussi profond !… Est-ce l’encens de la couche voluptueuse où tu reposes, belle entre les plus belles ?… Est-ce le souffle chaud du