Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
LE RÊVE DE MYSÈS

phyre et de terre émaillée, sceptre à tête d’épervier, de lion ou de cynocéphale.

Il y avait aussi, dans le cercueil de la reine, ses minuscules flacons d’émail, ses cassolettes, ses fétiches, ses poupées d’ivoire et de jade, et, partout, s’épanouissaient des fleurs fraîches de perséa — l’arbre consacré à Isis, dont le fruit a la forme du cœur et la feuille celle de la langue — l’arbre de toute sagesse et de toute science.

C’est que la mort, dans la croyance du serviteur des dieux, n’avait rien de redoutable. La retraite funèbre d’Ahmosis était aussi gaie, aussi remplie d’ornements futiles et familiers que l’ancienne chambre de son palais.

Dans les buires légères, dans les coffrets ciselés, parmi les parfums, les baumes, les corolles d’élection et les statuettes de divinités, devait habiter le « double » de la morte voluptueuse, sa forme astrale douce, fidèle, vibrante et passionnée. Son fantôme errant devait savourer, dans le calme de cette demeure d’amour, toutes les ivresses de la vie joyeuse.

Lorsque la momie royale fut enfermée dans son précieux sarcophage, Mysès, bien certain que rien désormais ne viendrait troubler son amour mystique, s’abîma dans de profondes prières.