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LE RÊVE DE MYSÈS

y a une Égypte souterraine, composée des innombrables momies qu’y a entassées la piété singulière d’un peuple. Les singes, les chacals, les chiens dorment par milliers à côté des rois, et les grottes sépulcrales de la double chaîne qui, des pyramides de Giseh se prolonge par delà Philce, sont emplies de cadavres.

Aux portes de la chaîne lybique se trouve une ville mystérieuse, dont les allées sont bordées d’urnes, de coffres, de vases, contenant des myriades d’oiseaux, avec leurs œufs, et, surtout, des chats aux prunelles d’émail, à la fourrure phosphorescente, des serpents aux anneaux dorés, repeints d’ocre et de cinabre.

La vaste plaine, qui part du pied de la grande Pyramide et s’étend au Nord, au couchant, au Midi, est occupée par les catacombes de l’antique Égypte, et, partout, la mort coudoie la vie, le rêve grandiose du passé se mêle aux promesses printanières de l’avenir.

Mysès, passionnément parait sa divine maîtresse pour l’éternel sommeil.

Il versait sur elle les parfums et les baumes, évitant de l’enrouler dans les habituelles bandelettes, car il avait trouvé, pour la garder près de lui, une préparation spéciale qui devait conserver les chairs dans toute la fleur de leur éclatante jeunesse.