Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
LE RÊVE DE MYSÈS

ton logis. Je sais que la puissante Ahmosis, oubliant le respect dû aux Pharaons, s’est donnée à toi, que tu veux l’emmener dans quelque solitude pour savourer en paix ses incomparables caresses… Mais, cela ne sera pas.

— Va-t-en ! répéta Mysès, je puis disposer de mon cœur, à ma guise, et, d’ailleurs, je n’ai jamais aimé que la reine. C’est pour avoir à moi son corps charmant que je l’ai dérobé dans la crypte des prêtres embaumeurs et que je l’ai transporté ici. C’est pour conserver éternellement sa beauté lumineuse que j’ai confectionné des baumes prestigieux, et que j’ai respecté l’apparence adorable de sa chair. Tu sais que nul masque ne l’a défigurée, que nulle bandelette ne l’a meurtrie et que je n’ai point déposé son cœur dans la sinistre canope qui accompagne les morts ?… Son cœur bat dans sa poitrine et ses poumons se gonflent voluptueusement. Elle est telle que je l’ai trouvée dans le caveau du temple, au lendemain de son apparent décès.

« Elle sommeillait seulement et l’amour l’a réveillée. Il est bien juste qu’elle se donne à celui qui a respecté sa vie mystérieuse et l’a entourée de soins vigilants. Qu’aurait-elle fait si elle avait rouvert les yeux dans les ténèbres de l’hypogée, mûrée dans son tombeau de