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LE RÊVE DE MYSÈS

À la hâte, il l’enveloppa dans les tissus grossiers de la fille du peuple, mit un voile sur ses cheveux.

Docilement, elle se laissait faire.

— Nous sortirons de Thèbes par la cinquième porte d’eau ; et nous regarderons fuir, dans notre cange rapide, les terrasses, les pylônes, les portiques supportant les jardins suspendus de ton palais. Comme les flèches, menaçant le soleil, nous verrons défiler les obélisques couverts d’inscriptions fatidiques !…

La senteur fauve et poivrée de ce matin d’amour s’accentuait. Il faisait une chaleur lourde ; c’était une de ces heures d’Égypte où l’air semble charrier des étincelles, où le Nil se confond avec la terre, immobile comme elle, sous un ciel de feu.

Mysès poussait la reine vers la porte.

Avant de partir, il avait rejeté, dans le sarcophage, la gaine précieuse, les gorgerins d’émaux, le scarabée royal, et il avait refermé la grande boîte d’or et d’argent.

Rien, dans la chambre, ne révélait la scène étrange qui venait de se jouer pour la gloire de l’amour et de la mort.

— Un dernier baiser, dit la reine… Veux-tu, mon bien-aimé ?…