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CHAPITRE XII

Mysès contemplait la souveraine, endormie dans ses bras. Le temps fuyait et de sinistres pressentiments troublaient son bonheur.

Les oiseaux nocturnes venaient battre des ailes contre sa porte en poussant leur cri plaintif, ce qui est un signe de mort.

Pourtant, la mort ne se présentait pas à l’esprit du prêtre avec son cortège de douleur et d’épouvante. Comme tous les hommes de sa caste, il la jugeait bienfaisante et réparatrice. L’inerte momie, toute raidie dans ses bandelettes, avec la fixité de son regard d’émail dans son masque d’or, n’éveillait en lui aucune crainte. Il se plaisait dans la solennité des sarcophages, le mystère des chambres de granit où sommeillait l’âme des défunts.

Toute l’architecture égyptienne, à l’image des pensées de l’homme, ne s’inspirait, d’ailleurs, que d’un songe funèbre. Les pyramides, les obélisques, les pylônes, les colonnes immenses représentaient une vague forme humaine : celle du cadavre enlinceulé dans ses bandelettes.