Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
LE RÊVE DE MYSÈS

espéré, jusque-là, que pour sentir plus âprement l’humiliation de la défaite ?… devait-il retomber dans le gouffre fangeux de son angoisse, sans s’être bercé du bonheur des élus ?… N’était-il point digne de cette récompense, après avoir parcouru le rude calvaire des incompris et des abandonnés ?…

Il se prosterna, la face contre terre, et, de tout son être, abîmé dans la désolation et la tendresse, jaillit un cri profond, une suprême prière.

Aussitôt, il reprit courage ; il se sentit réconforté et soutenu. Ses nerfs et ses muscles lui obéirent, lorsqu’il redressa contre le mur le pesant sarcophage.

Quelques minutes s’écoulèrent dans une attente délirante. Puis, il devint évident que le sein d’Ahmosis se gonflait et qu’un imperceptible tremblement agitait ses membres.

Cette fois, Mysès, avait certainement vu et entendu ; la vision s’était imposée comme une réalité indiscutable.

— Ahmosis ! fit-il, d’une voix éteinte, Ahmosis, ma bien-aimée.

Et la reine, jaillissant de sa boîte dorée, s’avança dans une traînée lumineuse, comme une fleur détachée, poussée par la brise.

— Ahmosis ! dit-il encore.