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LE RÊVE DE MYSÈS

il, quitte cette demeure, retourne auprès des tiens qui pleurent ton absence.

— Non, répondit-elle, d’un air farouche. Si je m’en allais, tu serais entièrement sous la domination de ton idée fixe. Tu aimes la reine et j’en suis jalouse !…

— Je l’aime, certes, mais pas de la même façon que toi. C’est une passion mystique et pure qui ne saurait te porter ombrage.

— Je veux que tu me chérisses uniquement. Je suis malheureuse du partage.

— Tu es folle, Mahdoura !…

— Oui, puisque je t’aime !

— Eh bien, maintenant que tu as pu satisfaire ta curiosité, tu ne refuseras plus d’aller me cueillir les plantes dont j’ai besoin ?…

— J’irai demain, fit-elle… Tu me pardonneras ?…

— Oui. Mais, songe que je risque ma vie en conservant auprès de moi la dépouille de la reine…

— Je ne te trahirai pas.

— Tu le jures ?…

— Je le jure, mon bien-aimé. Comment peux-tu me croire capable d’une action aussi vile !…

— Je ne sais… J’ai de tristes pressentiments.

— Moi aussi, cher Mysès… Un danger plane sur nous, et j’en frissonne jusqu’au cœur.