Ses cheveux s’écoulaient ainsi qu’un flot soyeux ;
Ses longs cils abaissés voilaient ses tendres yeux
Ouverts pour la voûte éternelle,
Et sa lèvre, où l’aurore avait mis un rayon,
Ressemblait à la rose où le frais papillon
Laisse les couleurs de son aile !
— Enfant ! toi le plus beau des enfants d’un mortel !
Que rêvais-tu ? — Ton cœur au désir immortel
Te parlait-il alors de gloire ?
T’emportait-il, superbe, au galop d’un coursier,
La crinière de pourpre à ton casque d’acier,
Le glaive en main, vers la victoire ?…
Ou plutôt, rêvais-tu de ta mère au doux nom,
De ta mère à genoux baisant ton tendre front
Qui deviendra le front de l’homme !
Rêvais-tu, bel enfant, dans ta pure ferveur,
De l’encens qu’exhalait la maison du seigneur
Vers l’azur du céleste dôme ?…
— Qui le savait, ô lys des vallons d’Israël !
Enfant que les humains nommaient Emmanoël !
Beauté vivante de la terre !
Tu dormais : le doux bruit de ton souffle innocent
Semblait parler d’amour comme un céleste accent ;
Mais ton rêve était un mystère !
Page:La Variété, revue littéraire, 1840-1841.djvu/55
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