— Parbleu ! cet écuyer devrait bien aller au diable. S’il vous gêne, ses protégés nous enlèvent notre avenir.
— C’est un sorcier, reprit ironiquement Artusi. Il a des charmes qui le préservent de la dague de ses ennemis.
— Satan le protégerait lui-même que s’il était à la longueur de mon épée…
— Tu l’enflammes, Giovanni ? Voyez-vous, signor, le grand écuyer est loin d’être des nôtres.
Artusi toisa les jeunes gens, comme un homme qui veut bien savoir à qui il a affaire ; et s’adressant à Giovanni : Qu’avez-vous donc fait pour mériter la haine du prince ?
— Rien, et c’est ce que je ne puis comprendre ; partout je l’ai trouvé sur mes pas, partout il a entravé mon avenir. J’avais des amis ; je les ai perdus, parce qu’il les a connus.
Artusi prit à part Logroscino, et lui dit à voix basse : Êtes-vous sûr du courage de votre ami ?
— Brave comme un lion.
— Et vous Logroscino ?
— Le diable habillé en femme ne m’effraierait point.
— Eh bien ! si vous voulez être ici à minuit, Stigliano y accompagne le roi.
— Signor, nous sommes des artistes, et non des lazaronnes.
— Donc vous refusez.
— Je ne vous comprends point.
Un nouveau personnage vint interrompre Artusi. C’était son maître.
— Que je ne te dérange point, Artusi ; termine avec ces signors.
— Monseigneur, ce sont de jeunes musiciens, mes amis,