varlet, vous aviez défendu, contre une armée, une tour et de nobles damoiselles ; toutes les dames redisaient vos louanges. Ah ! Louis, pourquoi faut-il que vous leur ayez voué depuis un autre servage moins exempt de blâme ?…
— Prévôt, chacun de nous a ses coulpes ; et les moins grosses, par le temps qui court, sont celles que l’on commet avec les dames.
— Ainsi, vous avouez les vôtres ?
— Je n’ai jamais voulu les nier.
— Par conséquent, vous avouez aussi celles des dames que vous hantiez ?
— Oui, de quelques-unes.
— Et sans doute celles de la plus grande d’entr’elles ?
— Voudriez-vous parler de la Reine ?
— D’elle-même.
— Qui vous rend si osé ?
— Sa conduite et la vôtre.
— La mienne est sans honte, sinon sans reproche ; la sienne peut être de même, mais elle n’en doit compte qu’à Dieu et au Roi.
— C’est au nom du Roi que je m’enquiers.
— Enquérez-vous près d’elle.
— Louis ! Louis ! vous jouez un jeu à mettre le tourmenteur de la partie… Au nom du Roi, je vous somme de rechef ; répondez.
— Au nom de l’honneur je me tais.
— Eh bien ! c’est par notre amitié que je vous en adjure ; par cette vieille amitié, nouée jadis la lance à la main ; par cette fraternité d’armes qui nous allégeait le poids du haubert, et qui voudrait alléger celui de vos chaînes ; dites-nous ce que vous savez touchant l’honneur du Roi, notre sire.
— Tanneguy, s’il était vrai… Si vous aviez souvenance de nos angoisses et de nos ébattements d’autrefois, de nos faits d’armes et de mon écharpe blanche… je vous dirais : Épar-