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LE MUSÉON.

munauté prendra vis-à-vis du Yoga. Il semble que des orthodoxies ont dû, ou ont pu, se constituer sur ces points bien avant l’époque du Kathavātthu.

Je crois volontiers au commentaire du Kathavātthu quand il nomme, à ce sujet, les Mahāsām̃ghikas ; car les sources septentrionales attribuent au groupe des Mahāsām̃ghikas, Lokottaravādins, etc., l’opinion que la vie des Bouddhas n’a pas de limite ; de même, qu’il n’y a rien de « mondain », ou, si l’on veut, de « terrestre » en eux. Cette doctrine, qui exalte le Maître et préconise les vertus magiques, le passage allégué du M. P. S. et notre « légende » du jugement d’Ānanda prouvent qu’elle appartient à la plus vieille tradition, à la tradition des « presbytres ». Le Kathavātthu et le Milinda s’en écartent, et, bien que Buddhaghoṣa reconnaisse nettement les vues sectaires du Kathavātthu, — « Le Bouddha, fait-il dire à Tissa, est Vibhajyavādin », — il n’est pas superflu de le constater en passant. La tendance de la tradition « méridionale » est, si je peux m’exprimer ainsi, évéhmériste. Elle est d’ailleurs caractérisée par une grande sobriété en ce qui regarde le Yogisme et toutes ses formes. Des Indianistes, aussi célèbres qu’autorisés, renchérissent volontiers sur les Suttas, et construisent un Bouddhisme « ultra-hīnayāniste », raisonnable, émondé de la magie et du surnaturel autant que faire se peut. Il est intéressant d’observer que le conflit qui nous divise aujourd’hui n’est que le reflet de la dissension qui, croyons-nous, sépara en sectes les fidèles des premiers temps. Le Bouddha historique, c’est-à-dire le Bouddha des premières générations bouddhiques, n’est-il qu’un « saint », ou est-il un être supérieur, divin, lokottara ? Et, sans mettre en cause la loyauté des vieux theras singhalais de Vaṭṭagāmani, rédacteurs définitifs (?) des