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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

l’excommunication quand elle ne lui est plus dommageable. On sait que, d’après la thèse orthodoxe, non seulement l’Arhat ne peut déchoir, mais encore que l’assistance d’autrui, conseil ou instruction, lui est parfaitement inutile.

L’histoire d’un Arhat coupable et pénitent malgré lui est contraire à l’orthodoxie des « non-mahāsām̃ghikas »[1]. Quand elle fut composée, la scolastique n’avait pas encore tiré parti des données scripturaires et de l’expérience spirituelle pour développer le dogme dans tous ses détails. Je crois, avec M. Oldenberg, « pic les deux traditions sont d’accord pour attribuer une haute antiquité au concept du saint ; — mais j’ajoute qu’elles me paraissent aussi mettre hors de contestation les divergences, fort anciennes, des docteurs sur ce dogme. On ne peut pas, en effet, considérer ces divergences comme des différences d’opinion qui apparurent « unter den späteren theologischen Systematikern ». Les « inventeurs » hérétiques des cinq points (dont quatre sont relatifs à l’Arhat), ne sont ni des théologiens systématiques, ni des personnages tardifs. On l’attache à leur nom le souvenir de la première division du Saṁgha. Mais, fussent-ils aussi anciens que je le crois, il semble qu’avant la période où les bouddhistes se divisent en affirmateurs et en négateurs de la possibilité de la chute et de l’ignorance de l’Arhat, il y en eut une où la question n’était pas dogmatiquement posée. Voilà ce qu’a vu, ici, Minayeff ; et, à mon avis, très raisonnablement[2].

  1. Voir nos remarques sur le troisième concile.
  2. Voir Childers, 53 b au bas : « Arahā properly means only a venerable man and et Dh. 240 [25] we find it applied by a non-Buddhist to Acelakas or naked ascetics ».