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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

tions qu’il occupe et des armes dont il dispose. Enfin, sa manière peut donner le change à un lecteur qui se voit traité, dès les premières lignes, un peu « à la hussarde », — c’est le cas de M. Oldenberg, — et qui voit traiter avec moins de respect encore les respectables Suttantas. M. Oldenberg n’apprécie pas l’ironie du savant russe : « Die Ironie… scheint mir nicht vollkommen glücklich ». Que serait-ce s’il avait compris toutes ses plaisanteries ? Par le fait, et c’est le point capital, il s’est mépris sur la pensée de Minayeff en ce qui regarde l’historicité du concile et des épisodes, et ce n’est pas entièrement la faute ni de Minayeff, ni de M. Oldenberg : celui-ci ne croit point au concile, mais il s’en faut de si peu ! celui-là, en apparence, prétend faire de l’histoire avec le Culla, bien qu’il ne croie ni aux Sūtras, ni au Culla.

Ces entreprises de critique interne sont extrêmement délicates, surtout pour ceux qui se résignent à ignorer beaucoup de choses et n’ont pas dans les textes la foi du charbonnier. Ils craignent de discerner, pour des raisons subjectives, ce qui peut être historique de ce qui n’a aucune chance de l’être ; jamais, et la seule pensée les déconcerte, jamais ils ne croiront que le silence d’un Sūtra sur un dogme ou un événement ecclésiastique puisse fournir autre chose qu’une hypothèse. Ils relisent deux ou trois fois l’observation de M. Oldenberg sur l’absence d’allusion au premier concile dans le Mahāparinibbāna : « This silence is as valuable as the most direct testimony. It shows that the author of the Mahāparinibbānasutta did not know anything of the First Council »[1] ; — encore ne sont-ils pas assurés d’avoir bien lu. Pour un

  1. Voir Intr. au Mahāvagga, loc. laud. ci-dessus p. 13, n. 2.