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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

naya des Dharmaguptas, celui des Mahīçāsakas et le Vinayamātṛkāsūtra[1].

Purāṇa arrive à Rājagṛha quand le concile est terminé. À sa prière, Kāçyapa réunit à nouveau l’assemblée et Upāli recommence sa récitation. Purāṇa approuve tout ; il réclame seulement l’insertion de huit permissions, huit « choses » compatibles avec la loi qui défend de manger les aliments conservés, et que le Bouddha avait complètement approuvées : à savoir, (je reproduis la traduction de M.  Suzuki) « 1. keeping food indoors, 2. cooking indoors, 3. cooking of one’s own accord, 4. taking food of one’s own accord, 5. receiving food when rising early in the morning, 6. carrying food home according to the wish of a giver, 7. having miscellaneous fruits, 8. eating things grown in (or by ?) a pond »[2].

Kāçyapa reconnaīt que le Bouddha a, en effet, autorisé les huit « points » ; mais c’était seulement parce que la nourriture était rare, — en cas d’āpad, dirions-nous ; plus tard, il retira cette permission. Purāṇa réplique que le Bouddha, omniscient, ne permet pas ce qui est d’ailleurs défendu, ni ne défend ce qui est d’ailleurs permis. Kāçyapa explique que l’omniscience du Maītre le met, au contraire, à même de modifier les lois ; il conclut : « Prenons, Purāṇa, cette décision : ce que le Bouddha ne défend pas ne sera pas défendu, mais ses défenses ne seront pas transgressées. Exerçons-nous d’après les lois disciplinaires du Bouddha ».

M.  Suzuki n’a pas remarqué que les huit points sont discutés dans le M. Vagga (VI. 17-19, 20. 4, 32) ; mais, si j’ose ainsi dire,

  1. Outre les renseignements de M.  Suzuki (article cité p. 280), voir Wassilieff ad Tāranatha, p. 291 : « … la tradition du Vinaya chinois que, déjà au premier Concile, Pūrṇa protesta contre sept points qu’avait introduits Kāçyapa.

    On a vu que le Dulva parle d’un Pūrṇa, sonneur de cloche du concile, et délégué auprès de Gavāmpati (ci-dessus p. 6, n. 3).

  2. . Les Mahīçāsakas énumèrent différemment les « points » de Purāṇa ; il y en a sept : « 1. receiving food in compliance with the wish of another, 5. taking fruits of one’s own accord, 6. receiving things coming out of a pond, 7. eating fruit with its seeds (or stones) romoved, when received from one who is not a regular attendant in the Saṁgha » . — Le Vinaya-mātṛkā paraît suivre les Dharmaguptas, car les deux points qu’il explique concordent avec la liste de cette école.