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Le processus (pravṛtti) ou la production successive des éléments ou causes de l’existence (bhavânga, c’est-à-dire avidyâ etc.), eu d’uuti’es termes le Pratîtyasauiutpâda eu ordre direct (cmulonia) n’est autre chose que l’obscurcissement ou la souillure (samklesa) de la pensée : des pensées successives et particulières, des pensées en activité (pravi-ttivijPKlnclnl) souillent la pensée essentielle, originale ou réceptacle en laquelle elles se développent par voie de causation successive. Cette pensée réceptacle (àdànavijùàna mrdavijhâna, àlayavijhàna, mUlacitta, etc.) existe-t-elle eu soi, est-elle auti’e chose que la série des pensées particulières (pravrttivijnànâni), autre chose que l’accumulation de leurs traces (vāsānas), ce n’est pas le lieu d’examiner ce problème (1). L’essentiel, est de savoir que tout le Pratïtyasamutpâda en ordre direct n’est qu’un développement de pensées, la souillure (samklesa) de la pensée qui, en soi, est connaissance sans objet.

Le Pratïtyasamutpâda en ordre inverse ne peut être autre chose que la purification (vyaoaddna) de la pensée.

Cependant, pour être tout idéal, le Pratïtyasamutpâda en ordre direct n’en affecte pas moins deux aspects : il est interne (âdhyâtmika). tant qu’il est le développement des phénomènes subjectifs qui apparaissent comme sujet de la connaissance ou de l’expérience : par exemple perception (qui n’est pas représentation), sensation, désir ou soif, acte ; il est externe (bàhya) lorsqu’on envisage des phénomènes aussi subjectifs que les premiers mais qui apparaissent comme objets de la connaissance : graine, tige, bouton, fleur … ; car nous n’avons l’idée de Heur que parce que nous avons eu l’idée de graine, et aussi l’idée de terre, d’eau, etc., lesquelles sont nécessaires, d’après les catégories de l’esprit, au développement de la graine.

Tout processus (ou samutyada) n’est qu’une pratique, une expérience de noms et d’idées (nàmasamjhàvyavaUâra) : sa cause première et constante doit donc être cherchée dans le nom

(1) Voir Muséon, 1912-1913, « Documents sur les trois “natures” des Yogâcâras », et « Triṃsâka » de Vasubandhu.