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dans le Canon, mérite d’être étudiée (1). Elle nous apprend que les clioses ne sont que dans et pa,r leur dépendance de certaines causes (idappaccayata) ; la causalité, le rapport de cause à effet (kàryaknranabhava) ne consiste pas dans une évolution [parinamanâ ) de la cause en effet, du lait eu beurre (contre le satkUryavâda de la philosophie Sāṃkhya), ni dans la création par la cause d’un effet différent d’elle-même, mais seulement dans la succession nécessaire d’effets déterminés (niyàmata) ; la nature des choses, leur « thingness », réside toute entière daus cette dépendance qui les vide de toute réalité propre. — La production est de la nature d’une ‘ magie ’ (mâyâ). Commeut_, eu effet, attribuer une action (Jiriyâ) à c(^ qui ne dure pas (astJiira) ? comment le déliuir comme « faisant » (kâraÏM) ? Toute son action, toute sa causalité consiste dans son existence, ou plutôt son devenir {hlmti), — et réciproquement.

Des textes, qu’il n’est pas interdit de regarder comme anciens, ne laissent pas d’accuser le caractère irrationnel du Pratïtyasa-

(1) La définition du Pratîtyasamutpâda a été dite en résumé par le Seigneur : « idauipratyayatdphalam. Au temps où il y a un Bouddha comme au temps où il n’y en a pas, cette « tliing-ness n des choses reste la même, c’est-à-dire cette " thing-ness », identité des choses, leur non-évolution, leur détermination [par] la marche en avant de la Production en dépendance : [c'est] la « suchness » (tathatā), « non-unsuchness », « identical suchness », la nature, la vérité, la réalité, la vue exacte et vraie des choses ».

Je traduis d’après la version tibétaine, Tandjur, Mdo, xvi : ida’)jipra’ tyayatdphalam, utpâddd va tathdgatcindni anutpdddd va sthitaivaisà dha ?’mdna)n dharmaid iti yaisa dharmatd dharmasthitatd, dharmd- parij.idmatd dharmaniyamatd pratltyasamutpadanulomatd, tathatd, avitathatd, ananyaiathatd, bhûtatu, satyatUy tattvam, aviparltatd^ aviparyastatd.

La première partie idampratyayatdphalam (qu’il faut peut-être lire °mātraphalam) est connue par Bhumatl^ ad ii, 2.19, Yeddntakalpataru (Benares, 1897), 273, Sarcadarsanasamgraha, (Calcutta, 1858), 20, trad. et comm. dans Muséon, 1901, p. 197, 1902, p. 392, Madhyamakavriti, 9, notes. — On comparera utilement les sources pâlies : Ang., i, 286 (Warren, p. xiv) ; Majjh., i, 167 (Warren, p. 339), Sani-, i, 25, 2G, 136. — On sait que la tathatd, " la nature vraie des choses », est devenue quelque chose de très mystérieux dans certaines écoles du Grand Véhicule, une sorte de Brahman ou de Prakfti (tathatā = anutpāda, advaya).