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étroites entre cette théorie et les métaphysiques, la doctrine des skandhas et du nairātmya « soullessness » (absence de principe permanent), la doctrine de la « caducité » (anityatva) aisément transformable en celle de la « momentanéité » (ksanikatvà) , enfin la doctrine agnostique ou antinomique de la plus ancienne tradition (1). (Comparer Oltramare, p. 17).

Les faux docteurs, nous dit-on, enseignent : 1° Celui qui agit est celui qui mange le fruit de l’acte : la souffrance de chacun est faite par lui-même ; — ou ils enseignent le contraire. 2** La sensation n’est pas la même chose que celui qui sent (il y a un être permanent en dessous des sensations) ; — ou le contraire. 3° Autre est le corps, autre le principe vivant (jïva), l’âme ; — ou le contraire ; 4° Tout existe ; — ou le contraire.

Le Bouddha n’adopte aucune de ces opinions contradictoires ; il enseigne la Loi (= vérité, vérité pratique) « par le milieu » {majjhena). Qu’est-ce à dire ? Qu’enseigne-t-il et quel est ce milieu, ce chemin d’entre-deux (Buddhaghosa, Warren, 169) ? Il enseigne : « En raison de l’ignorance, les samskâras «. Quand ou connaît, dit-il, la production et la destruction du monde {lokasamudaya...), les idées vulgaires de non-existence et d’existence (natthiiâ, attJiUa) disparaissent » (2).

Mais comment l’enseignement : « En raison de l’ignorance....», permet-il de résoudre la question des rapports de l’agent et du mangeur du fruits, du « sentant » et de la sensation, etc. ? C’est ce que la scolastique a pris à cœur d’expliquer, c’est ce que les rédacteurs du Samyutta avaient, sans doute, fort bien compris. Il n’y a pas d’âme {àtman, j’iva, pudgala, sattva) qui passe d’une .existence à une autre existence ; qui^ ayant accompli un acte, en mange le fruit ; qui ressente une sensation ; qui soit différente du corps ; qui soutienne une existence, c’est-à-dire une « botte » de skandhas assumés par l’action de la soif. Il n’y a ni perma-

(1) Voir Hastings’ Encycl. art. Agnosticism.

(2) Saṃ., ii, p. 20, 76 (comparer Dîgha, ii, p. 66 ; Warren, p. 135) 23, 60 (Warren, p. 166), 17 et III, 135. — Il est curieux, et, oserai-je le dire ? regrettable que tous nos textes soient ici tirés du Saṃyutta. Ceci enlève peut-être quelque chose à leur autorité.