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D’autre part, d’après les documents brahmaniques, qui ont bien des chances de reposer sur des sources bouddhiques, l’action indiquée par prâtitya, « étant allé vers », appartient à la cause, pratyaya, qui tire son nom de cette action : soit qu’elle aille vers son effet en tant que productrice (Ânandagiri) ; soit qu’une cause aille vers une autre cause, le pratyaya étant la cause assistée de co-efficients (sahakārin)[1].

Śrīlābha patronne une explication différente : itya n’est pas gérondif, mais participe, avec le sens de « qui est destiné à partir », c’est-à-dire « transitoire « ou « momentané ». On a donc : « manifestation (utpāda) en compagnie (sam = samavāyena) des choses transitoires (ityānām) en raison de [tel ou tel complexe de causes] (prati = tâṃ tâṃ sâmagriṃ prati) ». Cette explication, peut-être satisfaisante pour le composé pratītyasamutpāda, ne vaut pas pour l’emploi de pratītya dans Saṃyutta, ii, 72, cité ci-dessus : « En raison et de l’œil et des objets… » » (A. k. v.).

3. Nature de la causalité.

Les sources scolastiques contiennent beaucoup d’explications sur la nature du lien causal, sur la causalité en général, sur les termes, — fournis en masse par la littérature ancienne et moderne, — qui peuvent en exprimer, avec précision, les divers aspects. L’opposition que nous avons signalée entre l’enchaînement des hetus et des pratyayas[2] n’est qu’un détail d’une idéologie très vaste, très complexe, où rentre notamment la controverse du Sarvāstivāda. — Nous nous bornerons à quelques remarques.

i. La plus archaïque des formules de causation paraît être la suivante : « Ceci étant, cela est ; de l’apparition (production) de ceci, cela apparaît, à savoir en raison de (ou en conséquence de) l’ignorance … « (iti imasmiṃ sati idaṃ hoti, imass ‘uppāddā idam uppajjati yadidam avijjāpaccayā ….) ; et, inversement : « Ceci n’étant pas, cela n’est pas ; de la suppression de ceci, cela est

  1. Voir Vedāntakalpataru, cité Madh. vṛtti, p. 76, n. 7.
  2. Voir ci-dessus, p. 44.