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l’intuition de la vérité….. » (Saṃyutta, ii. 31, comp. Nettipakaraṇa, p. 66). — L’Aṅguttara, ii, 145 (comparer AKV., 248 b, Nettipakaraṇa, p. 87) explique ingénieusement comment on peut abandonner la soif par la soif, l’orgueil ou idée de moi (māna) par l’orgueil : il y a une bonne (kuśala) soif, un bon orgueil : désirer être délivré des passions comme le sont les arhats.

Un passage du Dīgha, i, 280, signalé par M. Oltramare (Douze causes, p. 31 ; voir Rhys Davids), Dialogues, I, 247), va plus au fond des choses, ou, du moins, montre qu’on a aperçu la difficulté du problème : « Those ascetics and brahmans who said that ideas (saṃjñās) come to a man and pass away without causes are wrong from the very commencement. For it is precisely through causes that ideas come and go. By training some ideas anise. By training others pass away… ». On peut passer, par le « training » (sikkhā), de la notion des plaisirs sensibles à celle des vérités, à celle de la jouissance spirituelle qui procède du détachement. — Mais comment ce « training » est-il possible ? Comment l’influence de cette ignorance qui enveloppe les êtres depuis l’origine des temps peut-elle être supprimée, abandonnée définitivement ? On conçoit seulement qu’elle puisse être un moment interrompue. Les bouddhistes ne furent pas seuls à se poser cette question, mais, comme ils affirment que l’enchaînement des causes se développe pareillement « qu’il apparaisse ou n’apparaisse pas de Bouddhas », ils n’ont pas les ressources que possèdent par exemple les théologiens visnouites, lesquels peuvent faire intervenir la grâce divine. D’après une citation des auteurs brahmaniques, certaine école bouddhique, apparemment les Yogācāras, admet que l’intelligence (buddhi), de sa nature même, est portée à accepter la vérité[1] (bhūtārthapakṣapāto hi buddheḥ svabhāvaḥ), thèse peu conciliable avec l’éternelle transmigration et avec la métaphysique du vieux bouddhisme. — Les anciens paraissent n’avoir pas fait la théorie de l’arrêt du Pratītyasamutpāda, se bornant aux

  1. Voir Bhāmatī (Calcutta, 1891), p. 25, Vedāntakalpataru (Benares, 1895), p. 21, Tātparyaṭīkā (Benares, 1898), p. 60, Sāmkhyatattvakaumudī ad 64 (Benares p. 146) et trad. de Garbe (Mémoires de l’Académie de Bavière, XIX, III, 621) ; Pathak, Bombay Br. A.S., L, p. 343.