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les « endurcissements », les « débordements » de la passion, à commencer par l’absence de honte et de pudeur (comparer paryuUhàna). De cette soif intense, procédera l’acte : Vupâdana est « la cause de la force qui projette l’acte » (JcarmâksepaJcârana)(1).

C’est bien cette valeur « effective », autant qu’affective, qu’il faut attribuer à upàdàna d’après Dlgha, ii, 58 (Oldenberg, Buddha^, p. 274) qui énumère les effets de la soif, paryesana (searching for, striving after), làhha (prise de possession), etc.

2. Ailleurs, comme nous avons vu, la soif produit la « notion », la considération fausse : «je suis „. Le vijnâna croît là où il y a affection, complaisance, soif (Sam., ii, 101). — ‘La soif, en effet, provoque ou développe l’idée de moi et de mien ; la soif est soif d’existence comme de plaisir.

3. On peut rattacher à ce double aspect la division de Vupâdana en quatre catégories, quatre espèces de kleêa, principes d’infection, dont la première est pure soif et les trois autres sont ignorance {Kaihàvatthu, xv. 2) : 1. attachement (MpàdJâna) aux plaisirs sensibles ; 2. aux vues hérétiques (drsti) ; 3. aux pratiques morales et ascétiques considérées comme suffisantes au salut ; 4. à la théorie du moi (2). — Faut-il remarquer que ces catégories, pour être canoniques, n’en sont pas moins très scolastiques ?

4. Upàdàna signifie non seulement « attachement à », la passion en raison de laquelle on prend l’objet convoité, etc. {yaih kâmâdaya upâdlyante), mais encore " ce à quoi on s’attache ». D’où la notion de cause matérielle, de support. Le combustible est Vupâdana du feu (^), et quand la flamme passe d’un objet à un autre, c’est le vent qui lui sert d’upâdàna (*).

D’où la métaphore, qui repose sur la deuxième noble vérité :

(1) Madhyamakavrtti, XXYI, 6.

(2) Voir par exemple Sam. ii, 3 ; Dlgha, ii, p. 58 ; Majjh., i, p. 66 ; Warren, p. 190 ; Abhidharmakosav. : upddânam caturvidhah klesah. — Les quatre sont drsti, d’après Viàhatiffa, p. 145 ; le 1er et le 3me sont trsna d’après Nettipakarana, p. 41.

(3) Mahàvastu, iii, 546 ; comp. Garbe, Sâmkhya-Philosophie, 228.

(4) Sami/utta, iv, 399, comp. v, 284.