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est le concours de deux (Sam., ii, 97, Milinda, 60 ; Warren, 186), et on a aussi : « En raison de deux se produit le vijnana : en raison de l’œil et des objets visibles se produit la connaissance de l’œil » (Sam., iv, p. 67).

c. Une autre formule (Mahàvagga, i, 21) établît les termes suivants : œil, objet visible, œil-connaissance, œil-contact («amsparéa), connaissance ou « feeling « (vedayita) en raison de l’œilcontact (1).

2. Nous nous demanderons quels sont les trois dont le concours constitue le contact, et ce qu’il faut entendre par * œil-connaissance ‘ qui serait, d’après le contexte, le troisième facteur du ‘ contact ‘, s’il ne devait pas en être le résultat. M. H. Oldenberg a interprété : les trois sont l’organe du sens, l’objet, et en troisième lieu la connaissance [ou l’entendement] assistant en spectatrice à la rencontre de l’un et de l’autre. L’ ‘ œil-connaissance ‘, ce serait donc « le vijnâna dirigé vers l’œil n (f). — Telle est, en fait, avec des éclaircissements^ l’explication de la scolastique : « Le contact a pour définition : rencontre de l’œil, de l’objet visible et du vijnâna » (Nettipàkarana, p. 28)^ explication qui se trouve déjà dans Majjh. : les sens, les objets extérieurs et [le vijnâna

(1) Relevons quelques définitions provenant de sources diverses. Abhidharmahosa, iii. 2, sparsa = trikasamgama : « concours de la triade n ; ibid. saddyatandbhinipdtali : « application des six sens », c’est-à-dire, « activité (pravrtti) des organes dans leur domaine respectif » ; Bodhicarydvatdra, IX, 94 citant l’Abhidharma : sparèdh sat samnipdtajdh, « les six sparsas naissent du samnipâta » (= abhinipâta) ; Atthasâlini, § 286, ârammanasmin cittassa abhinipdlo, « application de la pensée à l’objet ».

(2) D’après une autre hypothèse de M. Oldenberg (Buddha^, p. 271), ces trois seraient « an impingeing sentient organ, an impingeing agency conceived as external, and impact or collision [of both] «. Bien que reprise par Mrs Rhys Davids {Psychology. p. 5, n. 2), cette explication semble moins satisfaisante. — Il parait évident que, dans le texte cité ci-dessus (c), l’œil-contact ne peut être que la " connaissance » produite par un contact qui prend le nom de l’œil qui en est la caractéristique ; dès lors l’œil-connaissance qui précède ne peut être que le vijndna considéré en tant qu’il se rapporte à l’œil, non pas une « connaissance y, mais un « connaissant » : il y a collision de la pensée (citta) et de l’objet (drammana), au moyen de la collision de l’objet avec la porte (dvâra) ou organe (Atthasâtinî).