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définition que nous venons de signaler, elle définit nāman = vedanā, saṃjñā, saṃskāras, c’est-à-dire, à l’exclusion du vijñāna, tout le spirituel ou intellectuel-émotif qui accompagne le vijñāna sahabhū) : l’être tout entier, c’est donc « le nāmarūpa avec le vijñāna » (Dīgha, ii, 64, Nettipakaraṇa, 15) — Tantôt, et plus souvent, on a : rūpa = rūpa ; nāma = vedanā … vijñāna ; nāmarūpa = tout l’organisme. Il semble, en effet, que le vijñāna persiste et subsiste comme partie intégrante et dominatrice du nāmarūpa dont il a déterminé d’abord la formation.

7. Parfois on explique l’origine du nāmarūpa en faisant intervenir six dhātus, éléments, à savoir les quatre « grands éléments » (mahābhūta), l’espace, et le vijñāna : « C’est en raison des six dhātus, terre, eau, feu, vent, espace et vijñāna qu’a lieu la descente de l’embryon (garbha) (c’est-à-dire la conception) : cette descente étant, il y a nāmarūpa « (Aṅg., i, 176). Le vijñāna est évidemment la partie prenante, la cause efficiente : encore qu’il soit qualifié dhātu[1] et comparé à la terre, etc., il est individualisé et individualise les éléments matériels qui s’organisent en raison de sa présence. — Mais on ne peut ignorer le caractère védantique que cette représentation peut présenter, et on doit remarquer des passages comme Dīgha, i, 223[2], Majjh., i, 329 : « L’invisible, infini, partout brillant vijñāna … là meurent nom et forme … », susceptibles, à tout le moins, d’exégèse védantique, si leur origine n’est pas védantique[3].

8. Mentionnons encore Saṃ., ii, 24 : « Ce corps et le nāmarūpa

  1. Voir la valeur de l’expression vijñānadhātu = tout ce qui rentre dans l’élément ou catégorie vijñāna = yā cakṣuradhipateyyā rūpārambaṇaprativijñaptiḥ = les connais­sances ayant pour objet le rūpa et pour régent l’œil, c’est-à-dire les connaissances de couleur et de forme ; et de même pour les six sens (Śikṣāsamuccaya, p. 250).
  2. Ce texte appelle un long commentaire, voir Oldenberg, Buddha5, 264 ; Rhys Davids, Dialogues of the Buddha, i, 283.
  3. Comparer l’Upaniṣad (Muṇḍaka, iii, 2, 8) : « De même que les fleuves, quand ils roulent dans l’Océan, perdent leur nom-et-forme et disparaissent, de même le sage, délivré de son nom-et-forme (c’est-à-dire de son individualité, créée par l’ignorance) entre dans l’Esprit suprême et céleste ».