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rétribution (vipāka) de l’acte ancien, mais il est « en vue de la rétribution » (vipaktihetoḥ), qui est la douleur (scolastique sanscrite).

4. Pour la scolastique, le terme samskāras représente les actions d’une vie antérieure : d’où l’explication : « Les saṃskāras sont ainsi appelés parce qu’ils causent et façonnent la renaissance » (punarbhavābhisaṁskārāt), Madhyamakavṛtti, p. 543, cf. Nettip. 28.

3 et 4, vijñâna, intelligence, connaissance, et nāmarūpa, nom-et-matière, âme et corps.

1. Le vijñâna, c’est ce qui descend dans le sein maternel et y est la cause du nāmarūpa, c’est-à-dire, ici, du premier germe de l’être nouveau.

« Si le vijñāna ne descendait pas dans le sein maternel, le nāmarūpa s’y constituerait-il ? » (Dīgha, ii, 63), ou, dans la variante sanscrite : « Le kalala (premier aspect de l’embryon) existerait-il comme kalala ? » (Madhyamakavṛtti, p. 552)[1] — En langage « empirique », le vijñâna est donc le « principe » indépendant du corps, assemblage matériel provenant du père et de la mère, et qui semble m’appartenir en propre (Majjhima, ii, 17, idaṃ me vijñânam = this mine, vijñāna). C’est le principe spirituel dont Māra cherche vainement à s’emparer lorsqu’un saint (arhat) vient à mourir (Oldenberg, Buddha5, p. 315), [car le vijñâna du saint a disparu définitivement, invisible aux hommes et aux dieux] ; mais qui, dans les cas ordinaires, en raison d’actes ou dispositions anciennes (saṁskāras), entre après la mort dans une nouvelle existence (saṃniviśate … gatau, Madhyamakavṛtti, p. 543).

2. Le vijñāna est ce à la présence de quoi est dû le développement et toute la destinée du nāmarūpa, c’est-à-dire de l’organisme intellectuel et physique au cours de toute l’existence tant utérine qu’extérieure : « Si le vijñâna, après être descendu dans le sein maternel, s’en allait, le nāmarūpa (c’est-à-dire évidemment l’em-

  1. Comp. le commentaire pali, Dialogues, ii, 60, n. 2.