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ii. Un texte collectionné dans le Suttanipāta, recueil considéré comme ancien, le Dvayatānupassana sutta (vers 724, suiv., SBE., X, p. 129), établit une série de couples (duka) envisagés au double point de vue de l’origine (utpāda) et de la destruction (nirodha = non production à nouveau) : « Ceci étant, cela est ; ceci n’étant plus, cela n’est plus ». — « Cela », c’est la souffrance, la renaissance ; « ceci », c’est successivement (1) upadhi (hypo-thesis = acte), (2) avidyā, ignorance ; (3) saṃskāras, (synthesis), idéologie : (4) vijñāna, intelligence, connaissance ; (5) sparśa, contact ; (6) vedanās, sensations ; (7) tṛṣṇā, soif ; (8) upādānas « seizures » « assomptions » ; (9) ārambhas, efforts, entreprises, volontés ; (10) āhāras, aliments ; (11) iñjitas, mouvements. — « Toute la souffrance qui se produit, elle se produit en raison d’upadhi, en raison d’ignorance..... »

Le septième de ces « couples » est la substance de la deuxième noble vérité. — Plusieurs ne sont pas des « couples », car le premier, d’après la stance peut-être plus ancienne que la prose, met en ligne trois données : « L’ignorant, faisant upadhi[1], va et retourne sans cesse à la souffrance » ; de même le troisième qui ajoute sañña (idée, etc.) à saṃskāras, et le septième qui complète tṛṣṇā par ādāna (prise) ; le huitième met en ligne quatre ou cinq données : « En raison de l’upādāna, l’existence (bhava, c’est-à-dire la rééxistence) ; celui qui existe va à la souffrance (dukkha), (car) celui qui est né (jāti) mourra (maraṇa) : telle est l’origine de la souffrance ». — En outre rāga, attachement, est associé à chacun des termes ; par exemple : « Par la destruction du sparśa, contact, [c’est-à-dire] par la désaffection (virāga) totale à l’égard du contact… »

Ce sutta n’établit pas formellement de coordination entre les onze causes qu’il énumère : chacune est regardée comme cause de toute souffrance, et comme supprimant toute souffrance par sa propre suppression. Ou y trouve cependant, au moyen d’explications successives, une réponse complète à la question : « Quelle est l’origine de la souffrance ? » ; et cette réponse fournit, parmi

  1. Sur ce terme difficile, voir Senart, Mélanges Harlez, p. 293.