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§ l. — Origines bouddhiques de la chaîne duodénaire.




1. On peut reconnaître, dans un certain nombre de formules qui paraissent très archaïques, soit le germe, soit les premières ébauches, soit d’anciennes variantes du Pratītyasamutpāda.

i. La définition de la deuxième Noble Vérité (Sermon de Bénares) fournit le cadre et explique le but du Pratītyasamutpāda (à savoir : dérivation de la souffrance, explication des causes de la renaissance) : « L’origination samudaya) de la souffrance, c’est la soif (= désir), qui conduit à la renaissance (punarbhava : ré-existence), qui est accompagnée de plaisir et d’attachement (nandī-rāga), qui se complaît çà et là[1] ; elle est triple : concupiscence, désir d’existence, désir de non-existence ».[2] — Et « ré-existence » est synonyme de souffrance en effet ; car, d’après la définition de la souffrance (première Noble Vérité) : « La naissance est souffrance ; la vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance,… le corps et l’âme, la vie physique et la vie morale (= skandhas) sont souffrance ».

C’est-à-dire, pour dégager une « chaîne de causalité » : la soif (tṛṣṇā), désir sensuel ou intellectuel, accompagnée du plaisir (nandī) qu’elle trouve dans son objet et de l’attachement (rāga), produit la renaissance (punarbhava), c’est-à-dire la souffrance (duḥkha) : naissance, vieillesse, mort ; tous les incidents de la vie et la vie elle-même sont souffrance.

  1. Un excellent commentaire de cette expression tatratatrābhinandinī dans JPTS., 1884, p. 104.
  2. Voir ci-dessous, § II.