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2. D’autant plus que nous n’aurions rien à dire de nouveau. En effet, aucune partie de la dogmatique n’a suscité au même degré l’attention des savants européens, et par le fait aucune n’est plus digne d’examen, tant par son importance cardinale pour cette dogmatique qu’en raison des rapports que le Pratītyasamutpāda entretient avec certaines conceptions grecques ou modernes[1]. Non seulement tous les savants qui se sont occupés du bouddhisme ont eu à dire leur opinion, mais encore la question intéresse tout l’indianisme, car les ressemblances sont frappantes entre le Pratītyasamutpāda et les théories ou les phraséologies du Sāṃkhya, du Yoga, du Vedānta, Quelque point du bouddhisme qu’on examine, ses spéculations sur l’extase et sur le nirvāṇa, sa légende, son organisation, il n’est guère permis de le considérer isolément. — Mais nous ne pouvons entreprendre de discuter ce problème des origines pré-bouddhiques ou extra-bouddhiques de la dependent origination : car nous aurions à écrire une encyclopédie de l’Inde philosophique, et ce serait plonger cette fois dans des eaux encore plus « noires » et anciennes, et sans fond, et sans rives. Il suffira de signaler les études récentes qui montrent à la fois l’intérêt et la difficulté de la recherche[2]. — Nous négligerons aussi l’histoire de l’interprétation occidentale du Pratītyasamutpāda[3].

  1. Citons, en raison de leur portée générale, les remarques de M.  Senart « … Le désir de retrouver dans l’Inde des pensées modernes qui y auraient été devancées de tant de siècles, fait des ravages fâcheux. Il faut prendre garde de méconnaître les lois mêmes du développement de l’esprit. Des idées subtiles, complexes, ne s’ajustent pas si exactement en des temps si éloignés et dans des phases de civilisation si disparates .. »
  2. Garbe, Abhi. der bayer. Akad., 1 cl. fasc. XIX, 3e th., p. 519, et Sāṃkhya Philosophie, p. 5, 269 (1894) ; Jacobi, Ursprung des Buddhismus aus dem Sāṃkhya-Yoga, Nachr. Ges. Göttingen, 1896, p. 43 ; Senart, Mélanges Harlez, p. 286 (1896) ; Oldenberg, Buddha3 (1897), appendice (supprimé dans les éditions allemandes postérieures, mais dans la trad. de Foucher2, Paris, 1903) ; Walleser, Phil. Grundlage des älteren Buddhismus, (1904) ; Pischel, Leben und Lehre des Buddha, p. 65 (1906) ; Rhys Davids, Early Buddhism, p. 85 (1908) ; Kern, Manual of Indian Buddhism, p. 46 foll.
  3. On en trouvera un excellent sommaire dans Oltramare, La formule bouddhique des douze causes, son sens originel et son interprétation