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En vain la reine de Taïti lui dit : Vous n’êtes ici que commissaire impérial près de moi, vous n’avez le droit de rien faire sans ma signature et ma volonté ; ces droits me sont formellement réservés par l’acte du protectorat.

Eh bien ! signez, répond le gouverneur, — Je ne signerai jamais, répond la reine, je veux le maintien de ce Conseil général qui est encore plus mon œuvre que celle de M. de la Roncière. — Oh ! vous ne voulez pas signer, répond M. de Jouslard, en bien ! nous nous passerons de votre signature. Et il s’en est passé.

Ce fait est monstrueux.

C’est la première fois depuis plus de trente ans, que la reine de Taïti a demandé à être protégée par la France ; c’est la première fois, dis-je, qu’on s’est moqué de la signature de la reine, qu’on s’est passé de son autorisation.

On ne respecte plus même l’apparence de la légalité…

Ce n’est pas tout.

La reine a un fonctionnaire spécial attaché à sa personne, qui est le directeur des affaires, indigènes… C’est elle qui le choisit avec l’agrément du commissaire impérial quand c’est un officier.

Le sieur Parayon, lieutenant de vaisseau, voulait cette place ; depuis plus de quatre ans il dirigeait ses batteries de ce côté ; il se présente avec son titre auprès de M. de Jouslard. — Son titre, quel est-il ? le voici : le sieur Parayon doit tout à M. de la Roncière, son commandement du vaisseau l’Euryale, sa décoration… Familier constamment protégé de l’hôtel du gouvernement, le jour où on apprend le rappel de M. de la Roncière, il se range dans le camp de Boyer, n’ayant plus rien à obtenir de son vieux protecteur…

Et pourquoi cette manœuvre, pourquoi cette ingratitude ?…