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l’esprit d’insubordination s’était développé, à Taïti.. ; le sieur Garderin qui commandait le Chevert, à une lieue de Taïti, sous le prétexte spécieux que ses papiers n’étaient pas en règle, déposa le gendarme dans une barque… et continua sa route.

Je m’abstiens de qualifier une pareille conduite… Jusqu’à présent j’avais cru que les militaires devaient obéissance à leurs chefs… Il paraît qu’il est dans la marine des accommodements ; de pareils faits conduisent ordinairement au conseil de guerre ; ce refus d’obéissance attirerait des louanges au sieur Garderin, que je n’en serais pas étonné.

MM. Boyer et Holozet sont donc expédiés en France. Que. va-t-il arriver ? Une enquête administrative a été faite, un jugement et un arrêt ont été rendus…

Le gouverneur a usé des pouvoirs qu’on lui a donnés !

La justice, toutes portes grandes ouvertes, a solennellement prononcé.

Cela valait peut-être la peine d’être examiné.

Eh bien ! non, on n’examinera pas !

MM. Boyer et Holozet trouvent le moyen par San-Francisco d’envoyer une dépêche télégraphique au Ministre de la marine, et, sans avoir reçu aucunes pièces, sans connaître rien de ce qui s’est passé, le Ministre répond par une dépêche télégraphique envoyée au consul général de France à San-Francisco : — Retenez à leur passage MM. Boyer et Holozet, et renvoyez-les à Taïti. Ainsi, les actes de la justice sont blâmés avant même qu’on les connaisse. Le gouverneur est de nouveau condamné sans qu’on connaisse le premier mot de l’affaire…

Voyez-vous bien ce condamné, se plaignant par dépêche télégraphique… et recevant gain de cause, contre l’autorité, contre la justice, par dépêche télégraphique également, et sans qu’on sache ce qui est arrivé !…