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J’ai souscrit, il y a trois mois, un billet à ordre à mon frère, en paiement de 25,000 francs de marchandises… Je voulais lui venir en aide dans sa position gênée car je ne lui devais rien. Quoiqu’il en soit, j’accepte la responsabilité de l’acte de bienfaisance que j’ai commis. Ce billet m’engage comme si je devais réellement. Voici comment était conçu ce billet. « — À trois mois de la date présente je paierai à l’ordre de M. James Steward la somme de 25,000 fr. chez mes banquiers Owen et Graham d’Aukland, valeur en marchandises. » — Nous n’avons pas de banquier à Taïti, je suis donc obligé de faire toutes mes affaires sur Aukland, qui est la place la plus rapprochée de notre île. Je défère le serment à mon frère James Steward, sur le point de savoir, s’il n’a pas expédié ce billet à Aukland pour être payé chez Owen et Graham.

James Steward est obligé d’avouer, ne pouvant représenter le billet, qu’il l’a envoyé à Aukland pour être payé chez Owen et Graham. Mais il ajoute que rien ne le garantit contre les risques de mer, qu’il ne sait pas si ce billet est arrivé à destination, qu’enfin voulant quitter Taïti, il a besoin de cet argent de suite. On croit rêver en lisant de pareilles choses. Malgré son avocat qui veut rester sur le terrain du droit pour faire repousser cette demande insensée, de faire payer un billet qu’on avoue avoir envoyé chez les banquiers qui doivent le solder, M. William Steward s’exprime ainsi : Je demande au tribunal supérieur, de vouloir bien renvoyer la cause à trois semaines.

Le billet dont on me demande le paiement est échu et payé sans aucun doute à cette heure par MM. Owen et Graham d’Aukland. Dans trois semaines, le navire Eugénie, qui fait le service de la Nouvelle-Zélande à Taïti, arrivera dans notre