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Vahineheau… et enfin l’hôtel du juge impérial peut se bâtir sur ce terrain.

La femme Vahineheau, assistée de sa mère, de ses parents frustrés intenta alors à Longomazino une action en nullité de vente pour menaces, dol et manœuvres frauduleuses… Tous les faits que nous venons de raconter vinrent s’étayer des preuves les plus convaincantes… Ce fut une scandaleuse audience, et je rendis, comme président du tribunal, conclusions conformes du procureur impérial, chef du service judiciaire, un jugement qui annulait cette vente.

La décision à peine connue, l’ordonnateur Boyer se rendit chez le procureur impérial son compatriote, son camarade d’enfance, pour lui faire des observations, il osa même le lendemain en hasarder quelques-unes avec moi. Et j’appris bientôt qu’au dehors il prenait la défense de son ami Longomazino avec acharnement. Je m’en étonnai d’abord… je compris bientôt. Ce jugement portait une bien rude atteinte à la moralité de l’ancien juge impérial ; et les indifférents eux-mêmes, ceux qui n’avaient pris parti ni pour le gouverneur, ni pour l’ordonnateur dans les luttes du passé, commençaient à dire : — Boyer et Longomazino ont été brisés dans leurs positions de juges, pour des jugements et des arrêts rendus par eux ; M. de la Roncière peut bien n’avoir pas eu tort, si les actes judiciaires de ces messieurs ressemblent aux scandaleux débats auxquels nous venons d’assister.

Voilà les deux faits que le hasard me livra à l’encontre de Boyer et de Longomazino, les deux chefs de cette coalition restreinte, mais écoutée à Paris, sous le coup de laquelle a succombé M. de la Roncière, comme gouverneur de Taïti.

À cette heure je compris qu’il était de mon devoir d’arriver à la vérité.