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voir pour affaire de service, après avoir traité la question qui m’amenait je me vis adresser, par le commissaire impérial, la question suivante : — Si je vous demandais, monsieur, de me dire franchement pourquoi vous repoussez mes invitations, me répondriez-vous ? — Je ne puis accepter de m’asseoir à votre tablé, M. le commissaire impérial, lui dis-je aussitôt, parce que vous avez brisé des magistrats pour des arrêts dont ils ne devaient compte qu’à leur conscience. — Eh quoi ! me répondit le comte de la Roncière, vous êtes déjà de mes ennemis, et cela sans avoir étudié les pièces du débat ; vous me condamnez sans connaître les nécessités qui m’ont forcé d’agir, les pressions de l’opinion publique, qui m’ont tracé mon devoir ! Je vous en prie, ajouta-t-il les larmes aux yeux, étudiez le pays, fouillez tous les actes de mon administration, faites-vous une conviction, j’accepte d’avance votre jugement, quel qu’il puisse être.

À quoi bon ? me dis-je en sortant ; M. le commissaire impérial est rappelé, donc le ministre de la marine toutes pièces en main, sans doute, a déjà jugé le débat.

Cependant je dois le dire : nous attendions le remplaçant intérimaire de M. de la Roncière, et la conduite de l’ordonnateur Boyer, qui devait reprendre ses fonctions à l’arrivée du nouveau gouverneur, ne me paraissait point des plus dignes. Constamment en courses, il racolait tous les mécontents, les recevait mystérieusement chez lui, leur faisait signer des pétitions contre le commissaire impérial ; pas un boutiquier, débitant de liqueurs et autres, atteint par une contravention, dont on n’allât surprendre la signature dans le premier moment de la colère.

Puis il y avait le parti de ceux qui ne sont jamais assez repus, de ceux qui demandent encore et toujours, que Boyer