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LE MOIS

La revue hollandaise De Gids nous donne un curieux article sur une expérience communiste tentée pans les Pays-Bas. L’auteur, le professeur Quack, prétend que la Société Zwündrecht Brotherhood, fondée en 1816 par Stoifel Muller, s’efforçait de réaliser toutes les rêveries possibles et impossibles des théoriciens communistes. Les membres de la société avaient tout en commun et professaient une sorte de panthéisme philosophique. C’était un bien curieux personnage que le fondateur de la secte, qui a du reste laissé après lui un trésor de maximes, d’aphorismes pleins de mysticisme. Tout allait bien lors du vivant de Muller, mais après sa mort, survenue en 1832, la société fut dissoute et ses membres se joignirent aux différentes sectes organisées en Amérique et en Angleterre.

M. L. Geiger publie dans les Westerntarfs [Ilustrirte Deutsche Monatshçfïe du mois de septembre un article bien grave sur les déférences sortes de Faust, dont abonde la littérature allemande depuis Gœthe. Nous avons ainsi un Faust politique par Jules Vots(1813). Ensuite, Charles von Holtei a mis au monde un Faust religieux sous !e titre de Magicien du Nord (1829). La pièce n’a été appréciée à sa juste valeur que par le confiseur du théâtre où elle a été jouée. Ce brave homme a fait des affaires d’or, grâce à ce fait que la représentation durait plus de cinq heures ; et débordant de reconnaissance, il a envoyé au poète un gâteau immense avec quelques mots d’encouragement = « Écrivez des pièces comme celle-ci. Il n’y a que cela qui porte ! n Passons sur l’opéra de Spohr avec les paroles de Bernard, car ce n’était qu’un songe d’une nuit d’été. Le poète Klingeman a employé, du reste, un truc bien amusant. l ! est arrivé à faire une omelette sans œufs ! Dans son Faux ! le diable brille par son absence. Il se promène tout le long de la pièce, en simple épicier, et ne se révèle comme esprit diabolique que vers le dénouement. Grillparzer n’a laissé que plusieurs morceaux consacrés à Faust ; mais en revanche les poètes Heine, Grabbe et Lenau lui ont consacré des poèmes entiers et quels poèmes ! Grabbé nous le présente marchant bras dessus bras dessous avec qui... ! Je vous le donne en cent, en mille, comme dirait MW de Sévigné : avec Don Juan, cette incamation du présent (selon Grabbé l) avec la personnification de l’éternité ! Lenau s’est peint lui-même dans Faust et nous a donné un Fauat bon, doux et amoureux, mais rien du Faust légendaire, enseveli dans la poussière des livres ! Le Faust de l-leine tire vengeance de tous les poètes et auteurs précédents ! Heine, qui était au fond très bon enfant malgré tout ce qu’en dit M. Grenier, a donné à Faust comme compagne MU‘ Méphistophèle ; or, c’est autre chose d’avoir pour compagne une jolie fille au lieu d’un simple diable ! Ensuite il a fait de son Faust un ballet des plus pittoresques, ensuite... Mais n’insistons pas !