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Après cette soirée, le directeur a suspendu la série de ses représentations jusqu’à une époque indéterminée. En revanche, il s’est adjoint M. Jules Bois, qui a donné au Select une suite de conférences sur l’Ésotérisme, le Néo-christianisme, la Rédemption par la perversité, et autres fariboles. Dans cette dernière conférence, offerte par le Théâtre d’Art, disait le programme, son auteur a tenté d’échafauder un invraisemblable système de philosophie mystico-kabbaliste, système qui n’a pas eu jusqu’ici le don de passionner les masses.

Ces tentatives, veuves d’idées, peuvent s’expliquer ainsi : c’est une débandade de hâbleries phocéennes qui, présentées sans éloquence et sans esprit, demeurent étrangères à l’ldéal, à la Vie, à la Beauté. De semblables cogitations n’offrent donc aucun intérêt. Nous ne nous en occuperons plus désormais.

Randon, Gabriel.

Notre ami et collaborateur Francis Nautet vient de publier la première partie de son Histoire des lettres belges d'expression française. L'œuvre sera complète en trois volumes. Le livre premier contient les études suivantes :

I. Les sources du sentiment littéraire en Belgique. — II. Les influences du passé. III. La Genèse du mouvement actuel. — IV. Les Romanciers (Ire partie).


M. William Morris, agitateur socialiste et poète anglais, a eu récemment l’idée d’adjoindre une imprimerie esthétique à sa célèbre maison de tapis et de papiers peints esthétiques. Il a l’intention d’imprimer les poètes dans un format, sur un papier et avec des caractères en conformité avec l’expression de leurs œuvres. Et pour donner un échantillon de cette industrie nouvelle. il vient de publier une édition esthétique d’un chapitre tiré de l’ouvrage de M. Rustien. Les Pierres de Venise. Le petit volume est. en effet. très joli I voir, imprimé avec une netteté et une élégance remarquables. Mais M. Morris ne s’est pas borné I imprimer ce chapitre de M. Rustlen ; il a encore expliqué les motifs qui lui ont Fait choisir ce chapitre en particulier ; et il a mis I son explication le charme et l’originalité, l’agrément de style qu’il met à tout ce qu’il écrit. Le chapitre réimprimé est intitulé = De la nature de l’architecture gothique.

« Ce chapitre, dit M. Morris, sera considéré plus tard comme l’une des très rares productions de ce siècle qui aient eu quelque valeur. Car Rustien nous y enseigne cette leçon : que l’art est l’expression du plaisir éprouvé par l’homme de travailler ; qu’il est possible pour l’homme de trouver du plaisira son travail. car, pour étrange que cela nous paraisse maintenant. il ya eu un temps où les hommes ont eu du plaisir à leur travail, et enfin que si l’humanité ne recommence pas à trouver le travail agréable. non seulement toute beauté aehèvera de disparaître du travail humain, mais la misère sera de plus en plus le lot universel. »

M. Morris compare ensuite cette théorie du travail agréable, telle que la lui fait concevoir l’organisation corporative des maîtres gothiques du moyen-âge, avec les théories phalanstériennes de Charles Fourier. Le socialiste, le poète et l’industriel qui sont en M. Morris, se trouvent ainsi avoir collaboré à l’édition de ce joli petit volume tiré seulement 1500 exemplaires.