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L’Ami et Séraphitus-Séraphita sont à notre avis les plus remarquables de la collection, D’ailleurs, toute la série de ces pastels donne à l’observateur la sensation d’une indicible névrose.

L'Ami : qu’on se représente une fenêtre de geôle rayée d’énormes barreaux de fer ; sur les rebords de la fenêtre, un pot de fleurs, et au fond de la prison apparaît, balafré par la grille, le noble fasciès d’un Jésus, pâle à mourir, extatique, angoissé et comme lumineux à force de souffrance.

Séraphitus-Séraphita, le Calice, Ophélie'_, etc., sont autant de visions poignantes, inspiratrices de prochaines et personnelles merveilles, nous disons personnelles, car Peaamaa des débuts de farsiste prouve incontestablement l’influence d’Odilon Redon.

Dans cette même galerie se trouvent réunis actuellement des études, des tableaux du peintre Van Gogh, mort récemment. L’exposition de ces œuvres, où règne une originalité intense, a obtenu le succès qu’elle méritait.

La dernière représentation du Théâtre d’Art, qui fut donnée in la Bodinière, était composée ainsi qu’il suit :

Les Noces de Sathan, par M. Jules Bois ; Vercingétorix, fragment d’un drame en vers d’Édouard Schuré, et enfin, comme clou, l'Illiade, une adaptation, par MM. Jules Méry et Victor Melnotte.

Le tout avec parties musicales orchestrées de MM. Quillard et Gabriel Fabre.

Le public, composé en grande partie de camarades des divers auteurs, a fait un accueil sympathique à l'œuvre (!) de M. Jules Bois. L’auteur des Noces de Sathan (pourquoi écrire Satan avec une h ?), l’auteur de cette pièce, ésotérique disait le programme, avait pris soin d’exposer, dans une conférence faite sur la scène, la philosophie de son œuvre. Cette précaution utile (oh ! combien) n’a pas réussi à rendre plus claire l’idée du drame, si drame il y a.

À franchement parler, la pièce de M. Jules Bois, nuageuse et banale, était beaucoup moins riche en bonnes intentions que la conférence préliminaire de fauœur n’en nuit fait espérer.

De ci de là, on percevait de jolis vers, dits par Sathan (M. Lugné-Poe). Ce jeune interprète, à l’occasion de cette solennité, avait cru indispensable d'imiter à s’y méprendre l’organe de M. Antoine, du Théâtre Libre.

Nous le répétons, la pièce a été très applaudie ; grâce à la bienveillance générale, nul ne s’est avisé de l'analyser. Eut-elle résisté au moindre examen ? Nous en doutons.

La pièce de M. Édouard Schuré, Vercingétorix, n’a pas bénéficié de la même condescendance de la part du public.

Le décor peint par Signs : produisait un très magistral eíet, nuls les acteurs chargés d'interpréter les rôles massacrèrent les tirades à qui mieux mieux. Bref, une débandade s’ensuivit, et cet essai mmanúcopamusien avorta lamentablement, nous les rires des assistants.

Quant à l’adaptation de l'Illiade ce fut le comble de la jovialité. La pénurie de figurants, de costumes et d’accessoires nuisait à la bonne conduite des scènes.

Les interprètes savaient à peine leurs rôles et semblaient plutôt appartenir à quelque troupe foraine qu’à la direction du Théâtre d’Art.