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Il bégayait et était visiblement confus, parce qu’il craignait de dire quelque chose qui pouvait me faire sentir que j’étais de trop. Mais le vieillard, qui ne m’avait pas vu d’abord, vint à son aide en s’avançant vers moi et me disant d’un ton aimable :


« Je vous prie de me pardonner, je n’avais pas vu que Dick, qui est assez gros pour cacher qui que ce soit derrière lui, avait amené un ami. Vous êtes le bienvenu de tout cœur, d’autant plus que j’espère presque que vous amuserez un vieillard en lui donnant des nouvelles de l’autre côté de la mer, car je vois que vous êtes venu d’au delà des eaux et de contrées bien éloignées. »


Il me regardait pensif, et presque anxieusement, q1land il disait d’une voix changée : « Puis-je vous demander d’où vous venez, car je vois que vous êtes un étranger ? »


Je répondis d’une manière évasive : « Avant j’avais l’habitude de venir en Angleterre, et maintenant j’y suis revenu de nouveau et j’ai dormi, la nuit passée, à l’hôtel d’Hammersmith. »


Il s’inclinait gravement, mais semblait, je le pensais du moins, un peu désappointé de ma réponse. Quant à moi, je le regardai maintenant plus fixement que les convenances le permettaient peut-être ; car en vérité, sa figure, toute pareille à une pomme sèche qu’elle était, me paraissait étrangement familière, comme si je l’avais déjà vue avant dans une camera obscura, pensai-je en moi-même.


« Eh bien », dit le vieillard, « n’importe d’où vous venez, vous êtes parmi des amis. Et je vois que mon parent, Richard Hammond, paraît vous avoir amené ici parce que je pourrais faire quelque chose pour vous. Est-ce ainsi, Dick ? »


Dick, qui devenait de plus en plus distrait et continuait à regarder anxieusement vers la porte, retrouvant ses idées, répondit : « Eh bien, oui, parent, notre hôte trouve les choses bien changées et ne peut pas le comprendre, moi non plus ; aussi j’ai pensé à le conduire près de vous, puisque vous en savez plus sur ce qui s’est passé ces derniers deux cents ans que qui que ce soit. Qu’est-ce que cela ? »


Et il se retourna de nouveau vers la porte. Nous entendîmes des pas dehors.’ La porte s’ouvrit et une très belle jeune femme entra, qui s’arrêta court en voyant Dick et rougit comme une rose, mais le regarda néanmoins en lace. Dick la regarda aussi fixement, et étendit la main vers elle ; tout son visage tremblait d’émotion.


Le vieillard ne les laissa pas longtemps dans cette pénible situation, mais dit, souriant avec la gaîté d’un vieux : « Dick, mon gars, et vous, Clara, je crois que nous deux, les anciens, nous devons vous gêner, car je crois que