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CHAPITRE VII

Trafalgar square.


Et maintenant j’étais occupé de nouveau à regarder autour de moi, car nous étions tout à fait entrés dans Piccadilly-market et nous nous trouvions au milieu de maisons élégamment bâties et très ornementées, que j’aurais appelé villas si elles avaient été laides et prétentieuses, ce qui était loin d’être le cas. Chaque maison était située dans un jardin soigneusement cultivé et orné de fleurs ; les merles chantaient de leur mieux dans les arbres ; ceux-ci, si ce n’est un laurier çà et là et quelques groupes accidentels de tilleuls, paraissaient tous être des arbres fruitiers ; plusieurs fois, quand nous passions devant un jardin, des enfants et des jeunes filles nous offraient des paniers de fruits délicieux. Au milieu de toutes ces maisons et jardins il était impossible de retrouver la situation des anciennes rues : mais il me semblait que les voies principales étaient les mêmes qu’anciennement.

Nous arrivâmes bientôt sur une grande place découverte, s’étendant quelque peu vers le sud ; on avait profité de cet emplacement exposé au soleil pour y planter un verger composé principalement d’abricotiers ; au milieu des arbres s’élevait une jolie petite construction en bois, peinte et dorée, qui semblait être un « Drink-hall ». Du côté sud de ce verger s’allongeait un long chemin, ombré de grands poiriers ; au bout de ce chemin on apercevait la haute tour de la maison du Parlement, ou plutôt du marché aux fumiers.

Une étrange sensation m’envahissait ; je fermais les yeux pour éviter la vue du soleil qui brillait sur ces jardins et il passa devant moi comme une phantasmagorie d’un autre âge : Une large place entourée de grandes vilaines