Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

premier sens nous pouvions parler d’une école d’enfants — mais autrement », dit-il en riant, « je dois m’avouer battu ».

Sapristi, pensai-je, je ne puis ouvrir la bouche sans faire surgir quelque nouvelle complication. Je ne voulais pas essayer d’indiquer à mon ami le sens exact de son étymologie ; et je croyais mieux faire en ne disant rien de ces « fermes de garçons » que j’avais été habitué à appeler écoles, voyant clairement qu’elles avaient disparu. Je lui dis, après une petite hésitation, que j’avais employé le mot dans un sens de « système d’éducation ».

« Education ? » répliqua-t-il méditant, « je sais assez de latin pour savoir que le mot doit venir d’educere et je l’ai entendu employer, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui pût me donner une explication nette de ce que cela veut dire ».

Vous pouvez vous imaginer combien mes nouveaux amis perdaient dans mon estime quand j’entendais ce franc aveu ; aussi j’ajoutai avec un peu de dédain : « Eh bien, éducation veut dire un système d’enseignement de la jeunesse ».

« Pourquoi pas des gens âgés aussi ! » dit-il avec un éclair dans les yeux. « Mais », continua-t-il, « je vous assure que des enfants s’instruisent, qu’ils suivent un système d’enseignement ou pas. Vraiment, vous ne trouverez pas un de ces enfants, garçon ou fille, qui ne sait pas nager ; et chacun d’eux a été habitué à sauter sur les petits poneys de la forêt ; — tenez, en voilà un justement ! Tous ils connaissent comment il faut faire la cuisine ; les plus grands savent faucher, beaucoup savent faire des toitures de chaume et des petites choses de menuiserie, ou bien ils connaissent la manière de tenir un magasin.

Je puis vous l’assurer, ils savent beaucoup de choses. »

« Oui, mais leur éducation mentale, l’instruction de leur esprit », dis-je, traduisant ma phrase avec bonté.

« Hôte », répondit-il, « il se peut que vous n’ayez pas appris à faire les choses dont je vous ai parlé ; si c’est le cas, ne vous en allez pas avec l’idée qu’il ne faut pas d’habileté pour les faire et qu’elles ne donnent pas assez de travail pour l’esprit de quelqu’un : vous changeriez d’opinion si vous voyiez un garçon de Dorsetshire couvrir un toit, par exemple. Mais, cependant, je comprends que vous parlez d’apprendre dans des livres ; et quant à cela, c’est une affaire simple La plupart des enfants, voyant des livres autour d’eux, s’arrangent pour savoir lire quand ils ont quatre ans, quoiqu’on m’a dit que cela n’a pas toujours été ainsi. Quant à écrire, nous ne les encourageons pas à griffonner trop tôt, même s’ils le veulent, parce que cela leur donne l’habitude d’écrire mal ; et quel est l’avantage des vilaines écritures, quand on peut imprimer si facilement ? Voyez-vous, nous aimons les belles