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CHAPITRE IV

Un marché sur notre chemin.


Nous nous éloignâmes de la rivière tout de suite, et bientôt nous arrivâmes sur la grande route qui traverse Hammersmith. Mais je ne pouvais pas soupçonner ni où j’étais ni si je m’étais éloigné du bord de l’eau, parce que King Street avait disparu et la grande route passait à travers de larges champs éclairés par le soleil et des cultures semblables à des jardins. La crique que nous passions avait été débarrassée de sa rigole, et comme nous traversions un joli pont, nous vîmes les eaux encore gonflées par la marée, couvertes de gais bateaux de différentes grandeurs. Il y avait des maisons tout autour, quelques-unes au bord du chemin, d’autres parmi les champs ; de joyeuses allées y conduisaient et chacune était entourée d’un fertile jardin. Elles étaient toutes jolies de dessin, et aussi solides que possible, mais rustiques en apparence, comme des habitations de fermier ; quelques-unes en briques rouges comme celles qui s’élevaient près de la rivière, mais un plus grand nombre étaient faites en bois et en plâtre et étaient, à cause de cette construction, si semblables aux maisons Moyen-âge, faites des mêmes matériaux, que je me sentais complètement transporté au XIVe siècle ; cette sensation était augmentée par le costume des gens que nous rencontrâmes ou croisâmes, dont l’habillement n’avait rien de « moderne ». Presque tout le monde était gaiement habillé, mais spécialement les femmes étaient si avenantes, et même si jolies, que je pouvais à peine me retenir d’appeler l’attention de mon compagnon sur ce fait. Quelques figures que je voyais étaient pensives, et chez celles-ci j’observais une grande expression de noblesse, mais sur aucune ne se voyait une lueur de tristesse et le plus